Histoire et philosophie,  Le yoga dans l'histoire

Les femmes et le Yoga

Bien que le yoga soit aujourd’hui pratiqué par une majorité de femme, il n’existe que peu de sources textuelles anciennes faisant référence à la place de la femme dans la voie de Yoga.

Le rôle de la femme se résume, dans les textes, à son devoir d’être une bonne épouse et une bonne mère. Ainsi, elle pouvait atteindre la libération en servant au mieux son mari, pour qu’il atteigne lui-même la libération. Une femme ne pouvait pas non plus devenir ascète, puisqu’elle se serait détournée de son dharma. Seules les femmes âgées, seules ou souffrant de handicaps pouvaient éventuellement se retirer du monde, et entrer alors dans une forme de renoncement.

Mais il est aussi difficile de retrouver la place exacte des femmes dans la voie de Yoga, dans les textes anciens, puisquecar ces ouvrages étaient rédigés par des hommes et à destination des pratiquants masculins.

Ce n’est qu’au cours du Ve siècle, avec le développement de la doctrine tantrique que les femmes apparaissent réellement dans les textes. Dans le Brahmayāmala, texte tantrique du VIIIe siècle, les yoginis sont mentionnées. Elles ne sont pas seulement « femmes pratiquant le yoga », elles sont aussi « déesse dans sa forme vivante », des êtres divins que les femmes peuvent devenir, des femmes mortelles qui jouent un rôle dans les rituels tantriques.

Plus tard, dans le texte,  Hathapradīpikā , il est suggéré qu’une femme peut devenir une yogini grâce aux pratiques yogiques, ce qui rompt avec les textes hatha antérieurs. Hatha Yoga Pradīpikā, est l’un des trois textes classiques du Hatha Yoga. Il a été compilé par Svātmārāma au XVe siècle.

Elle connaît le passé et le futur et a obligatoirement la capacité de se mouvoir dans l’espace.

Les Yoginis dans les textes (Traduction de https://www.natha-yoga.com/hathayogapradika.htm)

Hathapradīpikā, 99

 
Si la femme, grâce à la maîtrise acquise par une pratique correcte, arrive à aspirer le sperme de l’homme tout en préservant sa propre énergie sexuelle par le moyen de Vajrolî, elle est reconnue comme une vrai Yogini.

Hathapradīpikā, 102

 Celle qui préserve son énergie sexuelle avec la contraction vers le haut est assurément une Yogini. Elle connaît le passé et le futur et a obligatoirement la capacité de se mouvoir dans l’espace.

Les yogini en représentation

Si dans les textes, les mentions à la pratique féminine restent rare,s quelques gravures anciennes en montrent une certaine réalité.

India, Rajasthan, Bikaner, circa 1730-1740.

Une femme ascète et ses disciples. Farrukhabad, c. 1770 (British Library J.66, 5)

Lalla ascète et poète du XIVe siècle

Une femme a pourtant marqué l’histoire par sa pratique de l’ascèse et du yoga, Lalla, ou lalleshvari. Elle a d’ailleurs laissé des poèmes mystiques très importants appelé Vatsun ou Vakhs Lal (qui peut se traduire par « discours »). Née en 1320, dans une famille de brahmane, elle se marie vers 11 ou 12 ans avec un homme plus âgé. Initiée très tôt aux enseignements du shivaïsme tantrique du Cachemire, elle part, à la mort de son mari, nue, sur les chemins du Cachemire, rejetant toutes les conventions. Des récits témoignent de son ascèse et des « pouvoirs magiques » qu’elle développa. Les écrits de Lalla montre qu’elle maîtrise les souffles vitaux, l’activation des cakra, et l’éveil de la kundalini.

Poème de Lalla (121)

 
Le tantra disparu, reste alors le mantra
Le mantra disparu, reste alors la pensée,
La pensée disparue, alors, plus rien nulle part.

Sources : plusieurs articles tirés de Yoga, l’encyclopédie, sous la direction de Ysé Tardan-Masquelier

Les femmes et l’ascèse aujourd’hui

Actuellement, en Inde, il existe des femmes qui pratiquent l’ascèse associé parfois à la pratique du yoga. Daniela Bevilacqua, ethnologue, a publié plusieurs ouvrages sur les religions de l’Inde et constate que la pratique des femmes ascètes est limitée. Ainsi, dans certains cas, les femmes ne sont pas autorisées à voyager seules, elles voyagent donc en groupe. Elles peuvent aussi être maltraitées par les habitants ainsi que par d’autres ascètes.

Quelques femmes et la diffusion du yoga en occident

Les Etat-unis et Indra Devi dans les années 1940

En occident, il faut citer quelques femmes qui participèrent activement à la diffusion du yoga plus spécifiquement à destination des femmes. Ainsi, aux États-Unis, Indra Devi, dans les années 1940, ouvert un studio de yoga à Hollywood. Elle enseignait le yoga à des actrices célèbres, mais aussi à des femmes ordinaires. Ses cours et ses livres étaient très populaires parmi la population féminine.

Le royaume Uni et Yogini Sunita

Dans les années 1960, Yogini Sunita enseigne le yoga à des centaines de femmes au Royaume-Uni. Elle dispensait ses cours notamment à la télévision dans le cadre de programme éducatif pour adulte.

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